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Notre fraternité est composée de 25 personnes : 18 laïcs et 4 prêtres, Trinitaires de Béthanie ou membres associés et 3 Religieuses Trinitaires de Valence. Fondée en 2010, les membres de la fraternité ont vocation à assurer une présence priante et aimante là où ils vivent. La fraternité est aujourd'hui présente dans le diocèse d'Angoulême et en Champagne/Ardennes.

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samedi 25 mars 2017

Le Pape François reçoit en audience les Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Européenne présents à Rome à l'occasion des célébrations du 60è anniversaire du Traité de Rome.


Béatrice en pleine rééducation aux Glamots, bientôt de retour à Angoulême !

fête de l'Annonciation à Notre-Dame d'Obezine




En cette si belle fête de l'Annonciation, notre amie Paule est entrée paisiblement dans la Lumière


Les 13-14 et 15 décembre 2005 à Cerfroid eut lieu ma première rencontre avec la famille trinitaire, je notais sur un petit carnet ces quelques lignes en rentrant chez moi à Gevrey-Chambertain :


Avec Marie, Elisabeth et tant des saintes, je puis chanter : « Mon âme glorifie le Seigneur… », « Crie de joie, femme stérile, toi qui n’a pas eu d’enfants…

Durant ces trois journées de merveilles, le Seigneur m’a conduite tout au long du voyage et secouru en mettant sur ma route des personnes aimables pour m’indiquer le chemin. Je n’ai pas perdu confiance aux moments critiques et j’ai été accueillie dans une ambiance vraiment fraternelle. Mais leur grande activité, même dans l’imprévu, m’étonna un peu.


Que je n’oublie jamais, ô mon Seigneur, toutes les grâces reçues en cette journée du 14 ; les moments d’intimité devant Toi, une seconde eucharistie imprévue l’après-midi. Et puis comment ne pas garder en mon coeur les entretiens ouverts et réconfortants qui ont émaillé ce séjour béni. 



Quel bonheur ! Ce peut-il, qu'enfin, ce que j'espérais depuis si longtemps soit arrivé ?
"Je ferai paître moi-même mon troupeau, je lui donnerai un guide pour le conduire et moi je serai son Dieu."

Paule-ermite trinitaire





dimanche 19 mars 2017

le 13 mars, il y a quatre ans, l'élection du pape François

Le père Bruno Secondin, carme italien, analyse la vision et l'action du Saint Père




Il y a quatre ans, le 13 mars, une fumée blanche, au-dessus de la Chapelle Sixtine, annonce au monde l'élection du nouveau Pape. Un Pape venu de l’autre bout du monde, devient le 265e successeur de Pierre, après la décision de Benoît XVI de quitter son ministère, accueillie dans le monde comme un « coup de tonnerre » un mois auparavant. Ce nouveau Pape, un cardinal argentin, choisit le nom de François, et comme le saint d’Assise, prêche et se bât pour une Église « simple, pauvre pour les pauvres », « joyeusement missionnaire » et au service de la paix.
« Comme je voudrais une Église pauvre pour les pauvres ! », lance le nouveau Pape aussitôt après son élection. Jorge Mario Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires, vivait très simplement, aimé et écouté par les défavorisés dans, un pays où la pauvreté frappait la moitié de la population. Il se déplaçait en métro ou en bus et passait ses fins de semaine à visiter les  paroisses et les bidonvilles de la périphérie. Quatre ans plus tard, c’est l’empreinte donnée à son pontificat. François veut ramener l’Église à sa forme évangélique des origines, lui rappeler que « le peuple est sa grande richesse et non sa doctrine ou ses structures ».
La réforme selon François
À ce propos, l'agence IMEDIA a interrogé le père Bruno Secondin, carme italien, professeur de théologie spirituelle à l’université pontificale grégorienne et auteur de nombreux livres de spiritualité et sur la vie religieuse. Celui-ci avait prêché la traditionnelle retraite de Carême du pape François et de la curie romaine en 2015. Il fait un tour d’horizon :
« Nous avons une vision qui n’est pas entièrement correcte de la réforme de l’Église menée par le pape François. Nous venons d’une phase post-conciliaire, à la fois compliquée et riche, qui s’est conclue avec la mort de Jean Paul II, puis avec le pontificat de Benoît XVI. Selon moi, le XXe siècle ecclésial ne s’est pas clos en 2000 mais en 2013, quand Benoît XVI, à la fois père et fils du Concile, a démissionné.
Cet esprit conciliaire et post-conciliaire est particulièrement évident de Paul VI à Benoît XVI, lequel a nettement insisté sur l’herméneutique et la fidélité au Concile. Cela a disparu avec le pape François. Il n’a pas d’intérêt pour l’herméneutique. Il n’est ni fils ni protagoniste direct du concile, mais il vient comme héritier post-conciliaire. Il n’est pas non plus préoccupé par le relativisme, qui est une question européenne, comme cela a été le cas pour Benoît XVI.
Pour cette raison, le pape François poursuit une réforme de l’Église, avant même celle de la Curie, qui est véritablement radicale. Il ramène l’Église au-delà des questions sur l’herméneutique, sur le relativisme, sur les tendances à la division : il ramène l’Église à la forme de l’Évangile. Avec ses propres gestes, avec des préoccupations qui ne sont pas celles d’une théologie académique, mais d’une théologie qui accompagne le peuple sur le chemin, dans le sens de la foi. En cela, le pape François rapporte l’Église à la forme du Christ, vu comme prophète messianique des pauvres.
Dans une forme presque explosive, le pape François redonne ainsi à l’Église sa mission de disciple du Christ. Et non pas une fabrique de structures, de discussions ou de doctrines, quand bien même celles-ci sont nécessaires.
Comment lier ce nouvel élan du pape François avec la doctrine 
« Le Saint-Père met toujours en garde contre le risque que la doctrine se renferme sur elle-même. Alors qu’elle doit refléter une expérience ecclésiale, d’écoute, d’obéissance, de proximité, de tendresse. Il n’achèvera pas cette réforme, qui aura besoin de générations pour revenir au Christ. Si cette réforme ne concernait que des organigrammes, elle pourrait être faite en dix ans. Pour un retour fidèle au Christ, il faut du temps, car nous avons une Église qui se montre désormais incapable de faire face à la mondialisation.
Si nous pensons le Pape actuel dans une perspective européenne, avec une Église vieille de 2000 ans et toute sa structure, on se trompe. Il faut le comprendre dans le contexte sud-américain, avec les périphéries dans le cœur, avec la parole du Christ enracinée dans les gestes, dans la proximité et dans la tendresse. Avant de discourir sur des réformes de la Curie, il veut conformer l’Église au Christ. Si on croit que l’Évangile est le cœur vivant de notre identité chrétienne, on peut comprendre le pape François. C’est le premier pape post-moderne, venu des périphéries sanglantes d’une grande ville et qui veut une identité purifiée, essentielle.
Sa façon directe de parler exprime sa philosophie. Il montre une passion brûlante, audacieuse, prophétique à se mettre à la suite d’un Christ qui n’est pas une sorte de chef honoraire d’un comité. Nous nous sentons mal à l’aise avec le pape François car nous sommes héritiers d’une Église avec des cadres stricts. Nous attendons qui les confirme, mais il détruit tout. D’habitude, les réformes partent des périphéries avant d’arriver au sommet. Cette fois, c’est le sommet qui impulse. Et donc le premier niveau intermédiaire, juste en dessous de lui, qui résiste beaucoup.
Le peuple, lui, sent qu’il y a un souffle nouveau. Il sent que ce pape touche des choses qui sont vraies dans le cœur des gens. Il manque la médiation, le passage entre le sommet et le peuple, mais la structure, qui repose sur des temps longs, fait de la résistance. Le pape a une mystique, comme il l’a dit à plusieurs reprises, fondée, enrichie par le peuple. Il parle sans cesse d’une foi du peuple, de la mystique du peuple. Il invite à la reconnaître, à l’apprécier, à l’écouter. C’est une expression que les papes n’emploient jamais habituellement. Lui le fait, par exemple dans Evangelii gaudiu.
Comment imaginer les années à venir ? Y a-t-il des « disciples » du pape François pour conduire sa réforme ?
« Le Pape lui-même essaye de mettre en œuvre quelques réformes dont l’Église a besoin. Il sait très bien qu’il ne peut pas tout faire lui-même. Il cherche à faire quelques réformes possibles à son âge, à son niveau, laissant au futur d’autres choses, sans vouloir être le dominateur de l’univers. Concernant le futur, et pour le clergé en particulier, François a montré de façon irréversible que le peuple de Dieu est au centre. Et à l’intérieur de celui-ci, les pauvres, les derniers, les fragiles. Ceci restera : le peuple est la grande richesse de l’Église, et non pas sa doctrine ou ses structures ».
Propos recueillis à Rome par Aymeric Pourbaix, I.MEDIA.

Brève méditation de soeur Angélique pour le 3ème dimanche de Carême

à partir de Jean 4, 5-42



La rencontre de Jésus et de la samaritaine au bord d'un puits. Le puits dans la bible est synonyme de rencontre amoureuse. Jésus rencontre l'humanité assoiffée par cette samaritaine, cette femme étrangère qui vient chercher de l'eau. La femme elle rencontre un prophète qui lui révèle en profondeur ce qu'elle est. Le signe est là, Jésus est le maître celui qui donne l'eau vive. En ce temps de carême, approchons-nous de Celui qui peut vraiment nous désaltérer, de Celui qui peut pour toujours épancher notre soif...


samedi 11 mars 2017

Brève méditation de soeur Angélique pour le deuxième dimanche de Carême

A partir de Matthieu 17, 1-9


En plein Carême, voici qu'un voile se lève pour nous faire découvrir la lumière de la transfiguration. Un avant-goût du ciel, de la gloire de Dieu. Pierre, Jacques, et Jean les témoins fidèles accompagnent Jésus. L'ancien et le Nouveau Testaments sont représentés par les personnes de Moïse et d'Elie qui viennent s'entretenir avec Jésus.

L'ambiance est extraordinaire à tel point que Pierre veut dresser trois tentes. Mais ce temps d'exception n'a qu'un temps et il va falloir redescendre en plaine, vers les autres, vers les appels de Dieu au plus concret de nos vies. Demandons à Jésus cette grâce de pouvoir vivre avec lui tout ce que nous avons à faire. Que ce temps de Carême nous y prépare.

vendredi 10 mars 2017

jeudi 9 mars 2017

"Déambulations Mystiques" : ci-dessous, le texte de la très belle conférence du Père Eric de Clermont-Tonnerre sur Marie de La Trinité (donnée à Angoulême, au presbytère de la paroisse protestante le 24 février)

                                             
                      
Marie de la Trinité (Paule de Mulatier 1903-1980) 
Une mystique pour notre temps




Marie de la Trinité est certainement une grande mystique contemporaine, bien qu’encore peu connue. A sa mort, elle laisse quelque 3000 pages de carnets spirituels, une abondante correspondance avec sa supérieure, son directeur spirituel, des religieuses de sa congrégation et sa famille. Il faudra donc du temps pour étudier cette personnalité et son œuvre.

Paule de Mulatier est née à Lyon le 3 juillet 1903, dans une famille de la bourgeoisie lyonnaise, dernière d’une famille de cinq filles et deux garçons. Après la perte d’un petit frère on attendait un garçon. La famille la désigne sous le surnom masculin de Paulet. Elle dira que son apparence est moins féminine que celle de ses sœurs, et qu’en elle coexistent une mentalité de femme avec une mentalité d’homme.

Enfant maladive, elle peine à trouver sa place dans la famille. Elle est confiée à des bonnes puis à des institutrices, sa vie affective en souffre. Très tôt elle découvre la prière comme une relation de présence à présence avec Dieu.

En 1918, l’aînée Marthe, entre chez les clarisses, au bout de quelques jours elle est admise dans une clinique psychiatrique où elle mourra seize ans plus tard. En 1919, Paule fait part à ses parents de son désir d’entrer dans la vie religieuse. Le jeune âge de leur fille, le triste destin de Marthe inquiètent les parents et le directeur spirituel de Paule, le dominicain Jean-Marie Périer.

Dans l’attente de réaliser sa vocation, Paule participe à la vie mondaine et sociale de son milieu : bals, concerts, réunions d’amis, sports, voyages. Tout en restant active dans les œuvres de sa paroisse : catéchismes, patronages, elle cultive ses dons pour la musique et le dessin. Au cours des années 1927-1930, elle tient un journal spirituel. Elle y témoigne d’un intense désir d’identification au Christ qu’elle veut réaliser en entrant au Carmel. L’exemple de ses sœurs qui se marient et fondent une famille ne détourne pas Paule de sa vocation, depuis l’enfance elle se sait « choisie » par Dieu. Le père Périer trouve enfin une solution à laquelle les parents consentent : l’entrée de Paule dans une congrégation apostolique : les Dominicaines missionnaires des campagnes (DMC) qui ne sont, alors, qu’un petit groupe de sœurs dirigées par une femme exceptionnelle Bernadette Beauté, mère Marie de Saint-Jean. Paule, par obéissance à son directeur participe à la retraite des sœurs. C’est au cours d’une prière de nuit (10 Ŕ 11 août 1929) qu’elle fait une expérience forte de l’amour trinitaire dans une grâce fondamentale : la grâce in sinuPatris.

Le 26 juin 1930 Paule entre dans la Congrégation des Dominicaines missionnaires des campagnes. Pour être reconnue officiellement, la congrégation doit présenter des constitutions précisant son projet apostolique et sa règle de vie. Mère Saint Jean reconnait dans la novice un esprit profondément religieux et un instrument de la Providence, elle l’associe à la rédaction des constitutions. Les compagnes de mère Saint Jean, qui ont partagé toutes les difficultés depuis la première heure, s’inquiètent de l’influence de la nouvelle venue. Une situation aussi singulière aura des conséquences pour l’intégration de Paule dans la communauté.

Monseigneur Feltin, alors évêque de Troyes, approuve les Constitutions et les présente à Rome. De son côté, le père Gillet, maître général de l’Ordre des Prêcheurs, en appréciera la rédaction dont il loue l’esprit dominicain. Le 3 septembre 1932, la congrégation reçoit son agrément canonique. Mgr Feltin nomme Marie de la Trinité première assistante de la fondatrice.

Entre mère Saint-Jean et Marie de la Trinité une relation très forte va se nouer qui se fortifiera dans les épreuves qui surgissent entre ces deux formes de vocations : mère Saint-Jean tout ouverte à l’action missionnaire, et Marie de la Trinité plus retirée dans la vie d’oraison. Entre les deux femmes une très belle correspondance s’échangera pendant quarante ans.

Marie de la Trinité fait profession perpétuelle le 3 septembre 1935, avec le sentiment d’être infidèle à sa vocation intérieure. Les années qui suivent sont très difficiles, maîtresse des novices et première assistante, Marie est épuisée.

En 1941, le père Antonin Motte, jeune provincial de la province dominicaine de France, devient le directeur spirituel de Marie de la Trinité. Il obtiendra de la supérieure que Marie soit soulagée d’une partie de ses charges pour se consacrer à l’oraison. Une nouvelle grande grâce survient les 14-15 juin 1941. Marie fait l’expérience du sacerdoce du Christ. La grâce de 1929 lui a donné la connaissance d’un amour trinitaire dans lequel le Père est « Attraction », le Fils « Relation » et l’Esprit « Étreinte ». La grâce de juin 1941 lui révèle que par « l’incorporation » au Christ notre humanité participe à son sacerdoce qui nous réfère au Père et nous met en mesure de recevoir le don de la Filiation.

Pour rendre compte à son directeur de ses expériences de grâce et des lumières reçues à l’oraison, Marie remplira 35 carnets, soit près de 3250 pages, entre 1941 et 1946. Les thèmes principaux sont la filiation et le sacerdoce. Par les lettres qu’elle écrit au père Motte, nous connaissons les inextricables problèmes de conscience dans lesquels elle se débat : crainte d’être dans l’illusion, inquiétude quant à la mesure de la pénitence, le besoin de silence et de solitude mal compris de ses compagnes. L’obéissance qui est sa règle la met en conflit de conscience avec la fidélité à sa vocation contemplative.

En 1946, elle craque physiquement sous la surcharge de travail et de responsabilités mais aussi parce qu’elle ne peut plus assumer les contradictions où la met « sa vocation intérieure » au sein d’une congrégation apostolique ; elle entre dans une « nuit spirituelle » qu’elle appellera son « épreuve de Job »

Entre 1949 et 1959, sur le conseil du P. Motte, Marie va vivre à Paris pour se soigner et s’éloigner de Flavigny où sa présence indispose la nouvelle supérieure générale. Elle revient régulièrement dans son couvent pour de courts séjours.

Elle fera tout pour guérir, en particulier une psychanalyse de deux ans avec Lacan et un séjour volontaire en hôpital psychiatrique où elle subira des traitements éprouvants. Elle racontera cette expérience dans un récit écrit pour Lacan. A Paris, elle ne laisse pas échapper les possibilités de formation : cours d’Écriture sainte, de patristique, de grec et d’hébreu. 

En 1956, guérie, elle entreprend une formation de psychothérapeute : d’une part pour analyser l’épreuve qu’elle vient de traverser et qu’elle définit comme névrose réactionnelle face aux surcharges de travail et aux incompréhensions qu’elle eut à affronter de la part de ses directeurs qui ne comprirent pas sa vocation particulière qu’elle appelle sa « vocation au Père ». Par ses études de psychologie elle voulait aussi venir en aide aux religieuses éprouvant des difficultés dans leur vocation. Pendant deux ans, elle sera l’assistante du Pr. Cornelia Quarti à Vaugirard.

En 1959, pourtant, elle revient à Flavigny, auprès de mère Saint-Jean pour l’assister jusqu’à sa mort en 1969. Ses dernières années à Flavigny elle les passe à la « cambuse » après le départ des sœurs pour Luzarches en 1970. Malgré le cancer qui se déclare (1970), elle dactylographie ses précieux carnets dont l’encre a pâli et participe activement à la vie de la paroisse. Deux communautés intégristes (les bénédictins lefebvristes et la communauté de l’abbé Coache) se sont installées à Flavigny. La présence apaisante de Marie fait qu’il ne se produit aucun trouble entre ces communautés et la paroisse dont elle est le moteur, sachant impulser une vie spirituelle par l’initiation à la liturgie, des groupes de lecture de l’évangile, des réunions pour les jeunes, exerçant une influence discrète mais entraînante.

Elle meurt le 21 novembre 1980, jour de la fête de la présentation de Marie au Temple.


La personnalité de Marie de la Trinité est plutôt contrastée (les psychologues parlent de clivage) Ŕ par certains aspects c’est une femme forte qui va prendre une part active à la fondation des DMC, mais c’est aussi une femme fragile qui doute terriblement d’elle-même en ce qui concerne sa voie spirituelle. En fait, elle avait une vie cachée connue seulement de sa supérieure mère Saint-Jean et de son directeur spirituel le père Antonin Motte. Elle connut, malgré les diverses charges de gouvernement qui lui furent imposées, une vie d’oraison intense où elle recevait des lumières qu’elle s’efforçait ensuite de mettre en mots dans ses 35 petits carnets qui n’ont été connus qu’après sa mort. La vie mystique de Marie de la Trinité est jalonnée de grâces qui toutes ont trait aux dons de filiation et de sacerdoce. Marie nous enseigne que le sacerdoce fait de nous des « ouvriers » alors que l’esprit filial fait de nous des « fils ». Il lui fut dit un jour : « Je ne te choisis pas pour expier le mal, mais pour suppléer au bien qui manque. Car il y a des paraboles d'ouvriers, et des paraboles de festins ; et toi, Je t'ai choisie pour celles de festins. Car les ouvriers le sont du Verbe, mais le festin, c'est dans le Verbe que Je l'ai préparé, pour Moi-même. » Elle reçoit la certitude qu’elle n’a pas été choisie pour « expier le mal, mais pour suppléer au bien qui manque. » Car, lui est-il dit, « c'est plus facilement qu'on trouve des ouvriers pour travailler, que des enfants pour festoyer. » (5 mars 1943, carnet 23, p. 2124/1259)